A quand une commission Internet à l’Assemblée Nationale ?

A quand une commission Internet à l’Assemblée Nationale ?

Secrétaire général de l’Hadopi et fin connaisseur des arcanes politiques (il fut conseiller de Nicolas Sarkozy en 2007), Eric Walter milite pour la création d’une commission permanente chargée d’Internet à l’Assemblée Nationale, en contre-poids des lobbys traditionnels qui disposent tous de leurs commissions spécialisées.

Voici une idée à la fois très simple et très ambitieuse, qui pourrait considérablement faire évoluer la façon dont les lois impactant Internet sont adoptées en France. Très bien placé pour connaître le poids des lobbys dans les processus législatifs, le secrétaire général de la Hadopi Eric Walter (actuellement en congés maladie) a publié dans Rue89 une tribune dans laquelle il défend l’idée de créer au Parlement une commission permanente dédiée à Internet.

Celle-ci serait beaucoup plus transversale que le très économique ministère de l’économie numérique, aujourd’hui dilué dans un ministère délégué aux PME, à l’Innovation et à l’Economie Numérique, incarné par Fleur Pellerin. Et la commission Internet serait aussi bien plus audible et indépendante que que le très imparfait Conseil National du Numérique (CNNum), dont les membres ne sont pas élus mais désignés par le Gouvernement lui-même (ce qui se voit dans son silence sur le dossier Hadopi / CSA).

Actuellement, l’Assemblée Nationale connaît huit commissions permanentes, qui sont saisies des projets et propositions de lois qui les concernent, mais qui disposent également du pouvoir de s’auto-saisir des textes qu’elles voient passer (le Sénat dispose des mêmes commissions, dont la dénomination peut changer, et n’a qu’une seule commission commune pour la Défense et les Affaires Etrangères ) :

  • Commission des Affaires culturelles et de l’éducation
  • Commission des Affaires économiques
  • Commission des Affaires étrangères
  • Commission des Affaires sociales
  • Commission de la Défense nationale et des forces armées
  • Commission du Développement durable et de l’aménagement du territoire
  • Commission des Finances
  • Commission des Lois

Toutes ces commissions, peuplées par les députés et sénateurs qui choisissent d’y siéger, disposent d’un pouvoir considérable sur l’élaboration de la loi, puisque ce sont elles qui évaluent l’opportunité des projets de loi, qui élaborent le texte présenté devant tous les parlementaires en séance plénière, et qui livrent leur avis sur les amendements déposés. Leur spécialisation faisant acte d’autorité, le point de vue des commissions est généralement respecté lors de l’examen en hémicycle des projets et propositions de loi.

Gouverner avec Internet

Mais il n’existe aujourd’hui aucune commission spécialisée pour Internet, qui est pourtant présent dans un nombre croissant de textes, touchant à divers pans de la société : Sécurité Intérieure avec les textes visant la lutte contre le terrorisme, Consommation avec les lois sur le e-commerce, Santé avec la prescription médicale ou la délivrance de médicaments à distance, Culture avec les lois Hadopi & co, Défense avec les dispositifs de cyberdéfense, Education avec les textes sur le e-learning ou le service d’éducation nationale numérique, etc., etc.

Or, « si l’on écrivait aujourd’hui un « code d’Internet » par la simple compilation de ces mesures, il y a fort à parier qu’il serait incompréhensible, parfois contradictoire, souvent incohérent dans la gradation des délits, des sanctions associées et de leur mode d’application et, surtout, dans ses effets sur le réseau« , constate Eric Walter.

Mais surtout, en proposant de créer une commission spécialisée capable de se saisir de tout texte touchant à Internet, l’ancien conseiller numérique de Nicolas Sarkozy (campagne 2007) et actuel secrétaire général de l’Hadopi souhaite « protéger Internet contre l’inflation d’initiatives sectorielles portant des remèdes pires que le mal qu’elles cherchent à combattre« . Eric Walter sait de quoi il parle.

« Une telle commission serait le lieu où l’on pense la loi en fonction d’Internet et non de ses effets sectoriels ou conjoncturels. En quelque sorte, elle serait la parole du réseau et la garante de ses intérêts (…) En 2013, il ne s’agit pas de gouverner Internet, ce qui est d’ailleurs une illusion, il s’agit de gouverner avec Internet. »

Malheureusement, la proposition est à la fois très simple et très complexe, puisqu’elle exigerait de réviser la Constitution qui n’autorise que huit commissions permanentes dans chaque chambre du Parlement. Et politiquement, donner du poids à un « lobby internet » est un risque qu’aucun Gouvernement n’est probablement prêt à prendre.

>>> Source sur : http://www.numerama.com/magazine/27116-a-quand-une-commission-internet-a-l-assemblee-nationale.html

Bercy ouvre une aide aux Fab Labs pour encourager le DIY

Bercy ouvre une aide aux Fab Labs pour encourager le DIY

Estimant que les Fab Labs sont au coeur d’un « changement de paradigme de notre système économique », avec une mise en valeur du partage des ressources et des savoirs, le Gouvernement a lancé mercredi un appel à projets visant à financer la création de nouveaux Fab Labs, ou l’amélioration d’ateliers existants.

« Oui, nous voulons des Fab Labs partout en France« , avait assuré la ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique, Fleur Pellerin, dans un tweet en fin d’année dernière. Six mois plus tard, le Gouvernement vient de lancer un appel à projets dans le cadre d’une aide au développement des ateliers de fabrication numérique, qui améliorent le concept du « Do It Yourself » (DIY) vers un « faire ensemble », avec des outils perfectionnés mis à disposition de tous dans des ateliers ouverts.

 Inventé au Center For Bits and Atoms du MIT dans les années 1990, le concept des Fab Labs s’est répandu partout dans le monde, et fait désormais l’objet d’une charte qui en définit les principes fondateurs. En particulier, les fab labs doivent permettre de fabriquer tout et n’importe quoi, en apprenant soi-même mais aussi avec l’appui des autres membres de l’atelier, dans un esprit d’échanges permanents de connaissances et de perfectionnement. Ils sont ouverts à tous, gratuitement ou presque.

Concrètement, on trouve dans les Fab Labs toute une série d’équipements souvent trop onéreux pour les individus, ou trop encombrants, qui permettent de fabriquer soi-même : imprimantes 3D, fraiseuses, découpeuses laser, insoleuse (pour les circuits imprimés), fers à souder, machines à coudre, scies circulaires, perceuses à colonne, etc.

Ils réunissent aussi bien les ingénieurs que les artistes, les électroniciens amateurs ou les simples quidam qui veulent inventer l’objet qu’ils ne trouvent pas dans le commerce mais qui répond à leur besoin. Le partage des ressources et des savoirs est au centre du concept.

« Un changement de paradigme de notre système économique »

« Cette tendance correspond à un changement de paradigme de notre système économique« , estime Bercy dans l’introduction du cahier des charges (.pdf). « La fabrication numérique personnelle ouvre la porte, par exemple, à la vente à la demande, la personnalisation extrême des objets, à la réhabilitation de petites séries viables économiquement, ou encore à l’hyper-localisation de la production. Si ce nouveau paradigme n’a pas vocation à s’imposer dans l’ensemble de l’économie actuelle, son potentiel de croissance est fort et il pourrait constituer, à l’avenir, une part conséquente de notre activité économique« .

L’appel à projets lancé par Fleur Pellerin vise à aider financièrement les Fab Labs qui souhaitent améliorer leur équipement, ou même qui veulent s’ouvrir. « Les porteurs de projets devront s’engager à mener des actions de promotion de leurs services, par exemple via des événements de découverte pour le grand public ou pour les entreprises, via des sessions de formations, ou encore via des partenariats avec des acteurs locaux impliqués dans le tissu économique (Ecoles et universités, pôles de compétitivité, chambres de commerce et d’industrie…)« , prévient Bercy.

Mais le ministère souhaite aussi et surtout que le DIY et les Fabs Labs dynamisent une nouvelle économie, qui ne soit pas parallèle à l’économie traditionnelle mais associée. Les projets devront donc proposer aussi des services aux entreprises, et prévoir un modèle économique qui assure leur pérennité, en lien avec les entreprises utilisatrices de l’atelier.

L’Etat ne communique pas le montant global de l’enveloppe allouée, mais prévient que la subvention de chaque projet sera comprise entre 50 000 et 200 000 euros. Les dossiers doivent être remis avant le 13 septembre 2013, pour un démarrage dès la fin de l’année.

>>> Source sur : http://www.numerama.com/magazine/26371-bercy-ouvre-une-aide-aux-fab-labs-pour-encourager-le-diy.html

Notre Dame des Luttes

 

Notre Dame des Luttes

Notre Dame des Luttes

Il n’y a pas que les fans de jeux vidéo qui se lancent dans la mise en ligne gratuite de documentaires… Le photojournaliste Jean-François Castell & Les Films Du Rocher, une structure associative qui réunit des documentaristes, viennent de mettre gratuitement et à disposition de tous sur YouTube, un documentaire de 52 minutes qu’il consacre au combat des opposants au projet d’aéroport de Notre Dame Des Landes, près de Nantes.

Baptisé « Notre Dame des Luttes« , ce documentaire tourné de mi-novembre à mi-décembre 2012 illustre parfaitement la lutte qui se déroule actuellement là bas, entre les militants écologistes et les forces politiques et policières.

A Notre Dame des Landes, le combat contre le projet de nouvel aéroport de Nantes n’est pas seulement physique, avec manifestations, jets de projectiles et constructions de barricades. Il est aussi fortement médiatique. A cet égard, Internet a pris une place de choix dans la communication des opposants au projet qui espèrent mettre la lumière sur leur action pour faire connaître les raisons de leur rejet de la nouvelle zone aéroportuaire, et s’attirer une solidarité nationale telle qu’il deviendra politiquement impossible de continuer à défendre la mise en route du chantier.

« Merci pour ce film !« , « Merci, je suis bouleversée« , « Magnifique reportage ! Bravo et merci à tous« , « Merci pour votre travail« … les félicitations et les remerciements sont déjà légion …

>>> Sources & plus d’infos sur :

« Sur la réforme du droit d’auteur », intégralement traduit en Français

« Sur la réforme du droit d’auteur », intégralement traduit en Français

L’ouvrage de référence réalisé par les fondateur et député européen du Parti Pirate est désormais disponible en Français, grâce à une traduction coordonnée par Politique du Netz.

Contrairement à une idée trop souvent répandue, le Parti Pirate ne milite pas pour l’abrogation du droit d’auteur. La jeune formation politique, née en réaction à la multiplication des procès intentés contre les utilisateurs ou créateurs de services de partages de fichiers, demandent une révision du contrat social qui lie la société et les auteurs, avec un rééquilibrage des droits et devoirs de chacun.

En septembre 2011, le fondateur du Parti Pirate suédois, Rick Falkvinge, et le député européen Christian Engström publiaient une somme, The Case For Copyright Reform, dans laquelle ils détaillaient les réformes qu’ils souhaitaient pour modifier le droit d’auteur dans un sens jugé plus optimum pour la société tout entière.

Très riche, l’ouvrage plaide pour la légalisation du partage des oeuvres dans un cadre non-commercial ; pour une durée de protection des oeuvres ramenée à 20 ans à partir de la date de publication, avec obligation d’enregistrer la demande de protection au bout de 5 ans pour assurer l’exclusivité d’exploitation ; pour la reconnaissance d’un droit à l’utilisation gratuite d’extraits, et pour l‘interdiction des DRM. « La question est plus large que celle des revenus des artistes. Il s’agit d’un choix de société (…) Nous avons besoin de changer la direction que prend la législation sur le droit d’auteur pour protéger nos droits fondamentaux. Aucun modèle économique ne vaut mieux que nos droits civiques« , défendent les auteurs. Dans le livre, ils détaillent par ailleurs leur opposition à la licence globale, qu’ils estiment être « une fausse solution pour un faux problème ».

Jusqu’à présent, l’ouvrage n’était disponible qu’en anglais. Mais grâce à la licence Creative Commons by-sa qui le gouverne, trois bénévoles (Xavier Gillard, Loïc Grobol et Étienne Loiseau) ont réalisé une traduction, publiée par Politique du Netz.

L’ouvrage traduit est disponible :

La Quadrature du Net veut envoyer une clé USB « DataLove » à 753 députés européens

La Quadrature du Net veut envoyer une clé USB « DataLove » à 753 députés européens

La Quadrature du Net fait appel aux internautes pour recueillir les 7 500 euros nécessaires au financement de la remise en main propre de 753 clés USB aux députés du Parlement Européen. Ces clés « Datalove » contiendront un long manifeste de propositions de réformes du droit d’auteur, et des contenus sous licence libre.

Après avoir combattu avec succès le traité ACTA, qui a été rejeté par le Parlement Européen en juillet dernier, la Quadrature du Net passe de la position défensive à l’offensive. Plus question de simplement combattre les initiatives poussées par les industries traditionnelles vivant du droit d’auteur et de sa protection ; le collectif français veut désormais que le débat public tourne autour de ses propres propositions législatives.

Pour ce faire, la Quadrature a mis sur la table cet été un ensemble très étayé de propositions de réforme du droit d’auteur, qui ne visent pas (au contraire) à annihiler toute reconnaissance de droits aux créateurs, mais à modifier le cadre de sa protection pour la rendre plus acceptable et mieux adaptée aux usages modernes. Ainsi par exemple, elle demande la reconnaissance du partage non marchand des oeuvres entre particuliers, des exceptions en faveur de la recherche et de l’éducation, la gratuité de mise à disposition des oeuvres orphelines (dont on ne sait pas contacter les ayants droit), ou encore une réforme de la gestion collective pour la rendre plus équitable. En contrepartie, la Quadrature suggère de mettre en place de nouveaux financements mutualisés, par exemple par le versement d’une « contribution forfaitaire » de 5 euros par mois et par foyer.

Pour transformer ce cahier des charges en véritable projet législatif, la Quadrature du Net doit à la fois capter l’attention des parlementaires et leur faire prendre conscience de l’importance des enjeux.

C’est dans cet esprit qu’elle a lancé lundi une forme de levée de fonds pour remettre en personne aux 753 députés du Parlement Européen une clé USB « Data Love », qui contiendra des vidéos, livres et musiques diffusés sous licence libre, « pour les aider à comprendre la culture numérique, le remix et leur économie« . Le contenu de la clé est visible sur cette page.

Ceux qui souhaitent soutenir le projet peuvent contribuer financièrement sur Ulule, à partir de 5 euros, avec différents cadeaux selon le niveau d’investissement. A partir de 42 euros, les donateurs recevront eux-mêmes une clé USB sur laquelle sera gravée le symbole Datalove <3. Ceux qui mettront au moins 500 euros pourront visiter le Parlement Européen et ses arcanes en compagnie d’activistes, et recevront également différents goodies.

En tout, la Quadrature du Net cherche à lever 7 500 euros. Les éventuels bénéfices seront reversés au financement de l’organisation.

>>> Source sur : http://www.numerama.com/magazine/23588-la-quadrature-du-net-veut-envoyer-une-cle-usb-datalove-a-753-deputes-europeens.html