Espéranto : la langue équitable

Espéranto : la langue équitable

L’espéranto est une langue construite conçue à la fin du xixe siècle par Ludwik Lejzer Zamenhof dans le but de faciliter la communication entre personnes de langues différentes. Zamenhof publia son projet en 1887 sous le nom de Lingvo Internacia (Langue Internationale), sous le pseudonyme de Doktoro Esperanto (Docteur qui espère), d’où le nom sous lequel la langue s’est popularisée par la suite.

Fondé sur une grammaire régulière (sans exception), l’espéranto est une langue globalement agglutinante où les mots se forment à partir d’un nombre limité de racines lexicales et d’affixes. Ces particularités facilitent son apprentissage.

L’espéranto est la seule langue construite qui a dépassé le stade de projet pour devenir une langue vivante, avec des locuteurs actifs répartis dans 112 pays du monde.

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Le français, l’anglais, le russe, le chinois… sont irremplaçables pour leurs locuteurs et leurs richesses doivent être préservées, mais ces langues conviennent-elles aussi pour la communication internationale ?

Les langues « dominantes » ont leurs difficultés & nécessitent un grand nombre d’heures d’étude afin de pouvoir tenir une vraie discussion en tenant compte des multiples particularités & exceptions de la langue utilisée … ce qui favorise dans les échanges ceux qui utilisent leur langue maternelle.

Et si l’espéranto devenait la langue internationale ?

Elle éviterais les complications inutiles car l’espéranto est bien plus simple & logique à apprendre & comprendre (pas de complications & d’exceptions dans la langue qui donne accès à toutes les cultures … et mets sur un pied d’égalité dans les échanges internationaux.

Cette langue a été conçue afin de permettre une vraie communication entre les personnes de langues maternelles différentes indépendamment de tout pouvoir politique ou économique … cette langue « appartenant à tout le monde ».

Cette langue vivante est déjà parlée par des millions de personnes … et pourrait devenir la seconde langue idéale pour tous sur la planète.

 

>>> Sources & plus d’infos sur :

 

Tout va de travers…

Tout va de travers …

… ou Rien ne va plus

dans la société actuelle !

Je me trompe peut-être, mais j’ai comme l’impression que la société dans son ensemble est en train de dérailler (dans beaucoup de domaines, comme par exemple : la politique, le découpage territoriale, l’économie, l’emploi, la famille, l’éducation, l’informatique & internet, les libertés … et j’en oubli !)

Que faire ?

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Je n’ai pas de solution miracle afin que tout ailles pour le mieux, mais si vous me lisez régulièrement, vous entrevoyez déjà quelques pistes de réflexions dans divers domaines qui sont susceptibles d’orienter la société vers de meilleures voies (enfin, je l’espère).

J’espère que notre gouvernement saura prendre les dispositions urgentes adéquates avant qu’il ne soit trop tard & qu’il montrera ainsi le chemin à suivre aux autres gouvernements de la planète …

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Déclaration Fondamentale des jeunes pour la paix

Déclaration Fondamentale des jeunes pour la paix

 

Pour débuter la nouvelle année, je vous invite à prendre connaissance de la Déclaration Fondamentale des jeunes pour la paix :


« 1. Les Jeunes pour la Paix rêvent d’un autre monde, un monde devenu VILLAGE PLANÉTAIRE  où il serait impossible d’ignorer ce qui se passe à l’autre bout ;
                     
2. un monde où les hommes et les femmes auraient le droit de vivre et d’élever leurs enfants dans la dignité, à l’abri de la faim et sans craindre la violence, l’injustice ou le chômage ;
                     
3. un monde où la nature serait respectée et où les richesses de la planète seraient réparties entre les habitants de telle sorte que les plus pauvres pourraient vivre avec le minimum vital ;
                     
4. un monde où les Hommes apprendraient à vivre ensemble, avec leurs différences d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses, de culture ou de langue et où les différences ne seraient pas redoutées mais vénérées en tant que bien précieux de l’humanité ;
                     
5. un monde où les valeurs de fraternité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité auraient une importance très supérieure à celles de l’argent, des richesses matérielles et de la position sociale ;
                     
6. un monde où tous les Hommes prendraient conscience qu’ils sont membres d’une même famille, la famille humaine.
Cet autre monde est possible : il suffit de vouloir le changement pour mieux vivre ensemble. Alors, agissons «  les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » »

 

Cette déclaration a été écrite par des jeunes collégiens de l’association… Elle essaye de répondre à la question : « de quel monde rêvons-nous? » … Les idées exposées dans ce texte (qui peut encore évoluer) contribuent à bâtir le monde, à ce que les hommes agissent les uns envers les autres dans un esprit de fraternité, à ce que notre monde soit toujours plus humain et plus juste…

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« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes,

c’est dans l’esprit des hommes

que doivent être élevées les défenses de la paix. »

Acte constitutif de l’UNESCO, 1946

« Être homme c’est précisément ÊTRE RESPONSABLE.

C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. »

Saint-Exupéry

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Je voudrais vous laisser un message de paix pour débuter cette nouvelle année … en espérant qu’elle soit meilleure que la précédente. Il y a tant de guerres dans le monde & pour des raisons bien souvent  » stupides  » … Il y a tant de victimes innocentes qui se trouvaient juste malheureusement au mauvais endroit au mauvais moment …

L’unique chemin vers la paix est celui du dialogue pour que cessent tous ces affrontements & ces conflits car  » la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité « .

Tout cela me rappelle le message du Pape François lors de l’Angélus du 1er septembre dernier :

« Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé.« 

 

sam7

>>> Voici à toutes fins utile quelques liens « bonus » :

>>> Sources & plus d’infos sur :

Un revenu pour exister : du pain quotidien au pain de vie

Un revenu pour exister :

du pain quotidien au pain de vie

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Pour les chrétiens, le revenu de base pose une question morale : est-il normal de donner sans conditions à son prochain ? 

Le revenu de base inconditionnel — ou allocation universelle — propose de lutter contre la pauvreté en remplaçant les aides disparates d’un système fiscal en forme de mille-feuilles par une aide unifiée, versée à tous, sans condition. La faisabilité économique faisant l’objet d’études prometteuses, pourquoi restons-nous hésitants ? Sans doute parce qu’une inquiétude nous taraude : est-ce une incitation à la paresse ? Ne portons-nous pas au fond de nos cœurs la crainte de briser un tabou séculaire : un revenu obtenu sans travail est-il pleinement légitime ? Faut-il encore travailler à la sueur de son front ?

L’inconditionnel, fondement de la logique divine.
Recevoir sans contrepartie : Dieu nous donne de quoi manger

Dès le commencement, Dieu nous donne de quoi manger : « Je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture. » (Gn 1,29).Plus tard, Dieu offre la manne à son peuple (Ex 16,4), et Jésus partage les pains en abondance pour ses auditeurs (Mc 6,30-44 ; 8,1-10). Il  nous invite à prier Dieu le Père en nous tournant vers lui et en lui redisant nos besoins fondamentaux : « donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Cette manne et ce pain ne sont pas un dû à accumuler sans contrepartie, mais un rendez-vous de confiance, d’espérance, d’engagement et de louange à renouveler chaque jour.

L’inconditionnel, source de vie : Dieu se donne en nourriture

Dieu est par excellence le Dieu de l’Amour inconditionnel incarné : il aime tous ses ouvriers, de la première à la onzième heure (Mt 20,12-16) ; il accueille tous les invités qui voudront bien venir à son festin (Mt 22,8-9-1) ; il pardonne à tous les pécheurs et nous demande d’aimer nos ennemis (Lc 6,27-38). Par amour encore, il  va jusqu’à donner son propre Fils en nourriture pour nous donner la vie en abondance. L’eucharistie, pain-de-vie, complète le pain-subsistance-du-quotidien dont nous avons besoin pour nous ouvrir aux autres (reconnaissons qu’il est plus facile d’ouvrir son cœur quand on n’a pas le ventre trop vide.)

Le revenu de base : incitation à la paresse ou appel à se réaliser ?
Notre vocation humaine : porter du fruit

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L’homme est un être de relation, appelé à une vocation innée et indélébile à la fécondité et au travail : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et assujettissez-la; dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Gn 1,27-28). Cet appel est pour chacun de nous, tel l’appel  à aller au-devant adressé à Abraham : une interprétation propose ainsi de traduire l’hébreu « Lech Leka » par « va vers toi, va pour toi ».

Devenir ce que l’on a reçu

La question morale ne doit pas être entendue comme un « que faut-il faire ? », mais plutôt comme une découverte continue de « qui puis-je être ? » pour devenir en plénitude le don d’amour et de vie reçus de Dieu. Ainsi, au docteur de la Loi qui demande « qui est mon prochain ? », Jésus désigne « celui qui a agi avec bonté », le bon  samaritain qui me sauve, me relève et me fait être (Lc 10,25-37). Remettons les choses dans le bon ordre. Nous ne sommes plus à l’époque où il suffisait de cultiver son potager pour vivre dignement.

Le principe de « destination universelle des biens » fait face au défi de l’explosion des richesses, des populations et des inégalités. Inviter à un partage fraternel et respectueux de la vocation unique de chacun est plus que jamais nécessaire.

>>> Source sur : http://revenudebase.info/2013/11/03/revenu-pour-exister-chretiente/

Générations Constitution et Monnaie 1789 – 1795

Générations Constitution et Monnaie 1789 – 1795

Dans cet épisode nous retrouvons l’historien Yannick Bosc qui nous avait présenté lors de l’épisode n°18 l’oeuvre du révolutionnaire Anglo-Américano-Français Thomas Paine père fondateur de l’idée du Revenu de Base inconditionnel.

Cette fois nous approfondissons la période sous l’angle de l’autre thème essentiel défendu par Thomas Paine et présent dans l’article 28 de la déclaration des droits de l’homme qui se résume au principe fondamental  « chaque génération décide pour elle-même » .

1789 puis 1793 et 1795 manifestent du processus générationnel Constituant qui s’était instauré en « ce temps qui a duré 6 siècles », mais qui ne s’est pas poursuivi de façon continue. Un principe de continuité générationnel abordé dans cette émission fleuve, dont l’absence dans les modalités Constituantes et monétaires sont un éclairage pour des problèmes très actuels.

Thomas Paine 1737 - 1809

  • Première pause musicale « lovely » Creative Common by sa du groupe Tryad.
  • Seconde pause musicale « Tie ba te » sous licence Art Libre de Lessazo
  • Troisième pause musicale « beauty » cc-by-sa Tryad
  • Générique GNUArt « no more dreams » de nighter cc-by-sa Monnaie Libre

 

 Monnaie Libre n°39 Générations Constitution et Monnaie 1789 – 1795
[ 2:00:03 | 99.22 MB ] Play in Popup | Download

>>> Source sur : http://monnaielibre.creationmonetaire.info/monnaie-libre-n39-generations-constitution-et-monnaie-1789-1795/

L’école selon Microsoft : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer l’éducation privatrice et fermée

L’école selon Microsoft : comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer l’éducation privatrice et fermée

Paris, le 7 novembre 2013. Communiqué de presse.

Deux ans après la convocation d’une centaine d’inspecteurs de l’Éducation nationale au siège de Microsoft France, l’April, Framasoft, le CNLL, SavoirsCom1 et l’Aful s’étonnent d’une nouvelle entorse à la neutralité scolaire et à l’intérêt du service public d’éducation.

Le 19 novembre 2013, plusieurs responsables de l’Éducation nationale se déplacent au siège de la société Microsoft1. Michel Pérez, Inspecteur général de l’Éducation nationale, Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice générale, Directrice du Comité Stratégique pour le Numérique à l‘École ainsi que des représentations des associations de collectivités viennent découvrir une étude coordonnée par Ludovia Magazine, en association avec Microsoft, Intel et SFR2.

Le titre de l’étude se veut neutre : « Investissement des collectivités en matière de numérique à l’école ». Le dispositif de communication ne l’est pas. Par leur présence à la table ronde organisée par Microsoft, les Inspecteurs généraux légitiment l’appropriation de l’Éducation nationale par une société privée. Les signataires de ce communiqué dénoncent fermement cette nouvelle entorse à la neutralité scolaire et à la mission de service public de l’éducation nationale.

Les collectivités territoriales souhaitent-elles vraiment favoriser l’exploitation commerciale de l’école par quelques grandes sociétés pour lesquelles l’éducation est exclusivement un marché captif ?

Ce n’est pas la première fois que des responsables de l’Éducation nationale se déplacent au siège de la société Microsoft. Lors du salon Éducatec-Éducatice 2011, les inspecteurs de l’Éducation nationale chargés de mission nouvelles technologies (IEN-TICE) s’étaient vu convoqués par leur hiérarchie pour tenir leur journée annuelle au siège de la société Microsoft. L’April et Framasoft avaient déjà dénoncé «une véritable entorse à la neutralité scolaire et vivement regretté que les programmes de ces journées ne mentionnaient pas les logiciels et ressources libres3. Malgré la circulaire du premier ministre « Pour l’usage des logiciels libres dans l’administration »4l’histoire se répète.

Ce n’est pas non plus qu’un accident de parcours. Les services de l’Éducation nationale envoient depuis plusieurs mois des signaux inquiétants. Le rapport de l’Inspection générale sur « La structuration de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel »5 est très peu documenté sur les logiciels et ressources libres ou, au mieux minimise leur apport. Et le rapport n’aborde que très succinctement l’une des dispositions importantes du texte de loi pour la refondation de l’école qui recommande : « l’incitation au développement de ressources numériques se fera notamment en faveur de logiciels libres et de contenus aux formats ouverts »6. Les signataires de ce communiqué auraient pu, avec d’autres, aider les rédacteurs dans leur travail afin d’arriver à un rapport plus exhaustif.

« L’école ne doit pas être un marché captif des éditeurs privateurs du numérique. L’école que nous appelons de nos vœux, ne doit pas enseigner « avec » le numérique sur des produits privateurs dans une approche de type B2i qui forme avant tout des consommateurs passifs » déclare Rémi Boulle, vice-président de l’April, en charge du groupe de travail Éducation. Dans la continuité des principes hérités du siècle des Lumières, elle doit former des futurs citoyens responsables, capables de réfléchir de façon libre, indépendante voire les créateurs de demain.

Stefane Fermigier, Vice-Président du CNLL, rappelle pour sa part « La place du logiciel libre dans le système éducatif français est un enjeu majeur pour la compétitivité de notre économie. Pour continuer d’être à sa place de leader mondial du logiciel libre, la France doit aussi se doter d’une politique éducative forte dans ce domaine, en privilégiant l’usage d’outils pédagogiques libres, en fondant l’apprentissage du numérique à l’École sur les logiciels libres, et en enseignant les technologies et méthodologies propres au logiciel libre dans les filières informatiques et scientifiques ».

Enseigner « avec » le « numérique » dans toutes les disciplines nécessiterait a minima :

  • un véritable enseignement de la science informatique ;
  • d’authentiques cours de technologie qui ne seraient plus limités, en collège, à la seule étude d’objets physiques dans lesquels l’informatique qu’ils pourraient incorporer est ignorée et traitée comme une boîte noire ;
  • un authentique apprentissage raisonné des logiciels et de l’internet qui n’est actuellement enseigné nulle part ;
  • un enseignement des technologies et méthodologies propres au logiciel libre dans les filières scientifiques et informatiques ;
  • l’utilisation de logiciels libres et la diffusion sous licence libre des ressources utilisées dans le service public de l’éducation ;
  • une réflexion opérationnelle (approfondie) sur les contenus de cet enseignement, dès l’école primaire.

C’est également enseigner l’apprentissage du travail collaboratif, incompatible avec des ressources privatrices DRMisées, des formats de fichiers non interopérables, des licences qui ne permettent pas la libre circulation et le libre partage des savoirs. L’École ne doit plus être contrainte dans des systèmes privateurs et fermés.

Nous nous tenons à la disposition de l’Inspection générale et de Mme Catherine Becchetti-Bizot pour toute information complémentaire sur les logiciels et ressources libres pour l’éducation et leur souhaitons un riche salon Éducatec-Éducatice.

>>> Source & plus d’infos sur :

http://www.april.org/lecole-selon-microsoft-comment-jai-appris-ne-plus-men-faire-et-aimer-leducation-privatrice-et-fermee

>>> Autre article sur le même sujet :

http://cyrille-borne.com/post/2013/11/10/microsoft-a-lecole-cest-po-bien-mais-quelles-sont-les-propositions-denvergure-nationale-du-libre

« quand les petites institutions nationales du libre feront l’effort de fusionner (…)[et] mettronts un portail de référence commun avec sur ce portail LA solution, qui est en fait une solution mais qui par des choix cartésiens et adaptés deviendra LA solution, qu’elles référenceront les entreprises qui sur le secteur auront signé une charte pour mettre en place LA solution, alors à ce moment là on pourra commencer à discuter des moyens pour mettre en œuvre le libre à l’école. »

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Je vous invite également à écouter la conférence intitulée « Qu’est ce que le logiciel libre? » enregistrée lors de la venue de Richard Stallman à Lille le 23 février 2011, ainsi que l’interview réalisée pour l’émission de radio l’Echo des Gnous.

Vous trouverez les fichiers audios & vidéos sur cette page : http://www.f.0x2501.org/p/rms/

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Chère politicienne, cher politicien,

Si vous avez reçu une copie de ce texte, c’est probablement parce que vous avez tenté de justifier votre position ou votre action avec l’argument « Cela préserve des emplois ».

Je suis désolé pour vous mais vous avez atteint sans le savoir le point « Creusez un trou et rebouchez-le ensuite » (Backyard Digging Point). Ce n’est pas catastrophique, vous n’êtes pas le premier ni le dernier dans cette situation. Mais prenons le temps d’étudier pourquoi cet argument est invalide et, pire, potentiellement dangereux.

Un travail est un service rendu par un fournisseur à un client en échange d’argent (ou de tout autre moyen de paiement). Le travail existe tant que le prix demandé par le fournisseur est inférieur à celui que veut bien payer le client. Si le client n’est pas d’accord, le fournisseur doit soit baisser son prix, soit offrir plus voire changer complètement son business.

Combien me paierez-vous pour creuser un trou dans votre jardin et le reboucher ensuite ? Cela me prendrait plusieurs heures de travail intense. J’estime donc que 200€ est un prix raisonnable. Allez, je veux bien descendre à 150€ mais c’est bien parce que c’est vous. Alors, êtes-vous d’accord ? Probablement pas. Je dois sans doute considérer qu’un travail pour lequel personne ne veut payer est en fait inutile.

Le monde évolue et la société change. Les business sont comme les yaourts: même les meilleurs périment et deviennent désuets. Les entreprises doivent alors effectuer des changements radicaux, ce qui peut se révéler très profitable. Ou elles peuvent tenter de s’attacher à leur paradigme et finir par disparaître. Cela arrive tous les jours, avec parfois quelques inévitables drames humains. Les vendeurs de glace ont été remplacés par des frigidaires, les porteurs d’eau par des robinets. Loin d’être une problématique politique, c’est tout simplement l’évolution.

En tant que politicien, vous êtes élu par le peuple. Vous avez le devoir, entre autres tâches, de vous assurer que l’état fournit certains services pour un prix inférieur à celui qu’il coûte réellement: l’éducation, les transports et vous en ajouterez bien d’autres à la liste en fonction de votre orientation politique. Les bénéfices des entreprises privées, par contre, ne vous regardent en rien. Si le service fournit par une entreprise est tellement critique, il faut se poser la question de le faire administrer par l’état, au nom des citoyens. Sinon, ce n’est pas votre problème.

Lorsqu’elles gagnent de l’argent, les grandes entreprises vont jusqu’à payer les politiciens pour qu’ils ne se mêlent pas des affaires. Mais dès qu’un danger guette leur rentabilité, elles ne se privent pas pour demander à « être protégées ». Vous êtes le représentant des citoyens, non des entreprises. À ce titre, vous ne devez pas rentrer dans ce jeu. Pourquoi ?

Premièrement parce qu’il est illusoire de réguler l’évolution.

Que cela vous plaise ou non, les changements contre lesquels vous luttez sont déjà présents. Plus vous vous y opposerez, plus la transition sera longue et douloureuse. Vous pouvez tenter de construire un mur au milieu d’une rivière mais, quoi que vous fassiez, l’eau finira bien par passer, inondant la rive. Si, au contraire de vouloir la bloquer, vous acceptez de vous mouiller et de vous adapter au flux, tout deviendra plus facile, naturel.

Deuxièmement parce que c’est une catastrophe économique

Préserver des emplois ou éviter des licenciements n’est jamais qu’une mesure temporaire, un garrot posé en urgence. Si le travail n’est pas rentable, rien ne permettra de le préserver. Vous investissez donc de l’argent et de l’énergie dans une cause perdue, un gouffre financier. Mais, en temps que politicien, ce n’est pas votre argent que vous jouez, c’est celui des citoyens. Vous avez donc la responsabilité d’investir afin d’en faire profiter tous les citoyens. Il est vrai que, à court terme, préserver temporairement quelques emplois peut vous faire gagner quelques voix aux prochaines élections. Est-ce que la réélection est votre unique ambition politique ?

Troisièmement parce que ce n’est pas éthique

Pensez-vous que nous aurions dû garder la peine de mort afin de ne pas mettre les bourreaux au chômage ? L’exemple vous semble tiré par les cheveux ? Pourtant nous n’en sommes guère loin lorsqu’on aborde la survie de notre planète. Pourquoi faut-il trouver un compromis entre l’économie et l’écologie ? Quel sens cela aura-t-il d’avoir une économie florissante si nous n’avons plus de planète ?

Finalement, en cherchant à « préserver l’emploi », vous allez à l’encontre de l’évolution de la société. Des nouvelles entreprises, des nouveaux marchés, des jeunes entrepreneurs sont directement affectés par vos tentatives désespérées de « préserver les emplois ». C’est aussi simple que ça: malgré toutes vos bonnes intentions, vous êtes en fait en train de détruire les opportunités d’emploi du futur. Des myriades de nouvelles entreprises sont mort-nées du fait de votre action.

Quatrièmement parce que cela complique la vie

Avec la technologie actuelle, l’administration et la paperasse sont oubliées. Ou du moins pourraient l’être. Avec quelques judicieux investissements, la plupart des procédures administratives pourraient être automatisées ou simplifiées à l’extrême. Le monde ne s’en porterait certainement pas plus mal. Mais, devinez quoi, nous craignons un monde plus simple. Nous complexifions à dessein afin de préserver le sacro-saint poste de « poseur de cachet sur formulaire certifié ».

C’est particulièrement visible dans les administrations publiques mais, croyez moi, les grandes entreprises ne s’en sortent pas toujours mieux. Le spectre Luddite de « la perte d’emploi » nous fait rejeter, sans même y réfléchir, tout ce qui pourrait nous simplifier la vie. « On a toujours fait comme ça » ou « Tout le monde fait comme ça » sont des pauvres excuses, non des justifications valables.

Enfin, parce que l’emploi n’est pas absolument nécessaire

À vous entendre, perdre son travail est la fin du monde. Or n’oublions pas que le travail n’est, au final, qu’une manière parmi d’autres d’obtenir un revenu et qu’avoir un revenu régulier n’est qu’une des nombreuses manières de vivre. Certains, rares, vivent parfaitement heureux sans revenu. D’autres, et ils sont nombreux, ont des revenus réguliers qui ne proviennent pas de leur travail. D’ailleurs, d’une manière générale, très peu de personnes riches tirent leurs revenus de leur travail actuel.

On entend parfois que les jeunes générations sont paresseuses car elles ne veulent pas travailler autant que leurs aînés. En fait, elles souhaitent tout simplement vivre plus. Pourquoi gâcheraient-elles leur temps à faire des choses qui pourraient être automatisées ? Bien sûr qu’elles ont de l’énergie à revendre mais seulement si vous leur proposez un travail qui est important, enrichissant. Non, creuser un trou et le reboucher n’est pas considéré comme enrichissant.

Backyard digging

Très souvent, des personnes bien intentionnées diront que tout le monde ne peut pas être un ingénieur ou un artiste, que nous devons également donner du travail à la population « stupide ». Comme si le monde pouvait être divisé en deux catégories, les ingénieurs et les stupides, incapables de faire quoi que ce soit qu’une machine ne puisse faire. Cette question revient très régulièrement sur le tapis depuis le début de la révolution industrielle mais, néanmoins, nous avons le potentiel d’être plus prospères que jamais. Malgré cela, certains politiciens travaillent d’arrache-pied à rendre obligatoire le fait de creuser des trous et de les reboucher ensuite, fiers de leur condescendance envers les « stupides ».

Conclusion

Cher représentant du peuple, à partir de maintenant, vous n’avez plus d’excuse. Chaque fois que vous direz « sauver des emplois », vous penserez « faire en sorte que les gens creusent des trous et les rebouchent ensuite ». Vous savez que toute action uniquement justifiée par la nécessité de « préserver l’emploi » est contre-productive. À la place, donnez aux citoyens plus de liberté, plus de temps, moins de paperasseries stupides et les emplois apparaîtront spontanément. Les gens ne sont pas stupides. Certes, ils peuvent le paraître lorsqu’on leur demande de faire des choses stupides comme creuser et reboucher des trous. Si nous arrêtons, nous avons les moyens de profiter du potentiel caché de toute une humanité. N’avez-vous jamais rêvé d’un monde où vous ne devriez jamais faire ce qui vous ennuie ?

Et, lorsqu’on y réfléchit, les « stupides » ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Comment appeler autrement ceux qui investissent dans une cause perdue d’avance ? N’oubliez jamais que, la technologie évoluant, Vous pourriez vous-même être remplacé par une solution plus performante. Le temps est compté, commençez dès maintenant à investir dans le futur !

>>> Photos par Chiot’s Run et Travis S.

>>> Source sur :  http://ploum.net/creusez-un-trou/

Le revenu de base, une solution pour les retraites

Le revenu de base, une solution pour les retraites

Le débat sur la réforme des retraites révèle un nouvelles fois les limites du fonctionnement actuel de l’état providence en France, et la nécessité de réfléchir au revenu de base.

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L’actuelle réforme des retraites suscite des oppositions et des interrogations sur son bien fondé. Est-ce que cette réforme ne va pas amplifier les problèmes au lieu de les résoudre ? Dans un contexte où l’économie est en panne de croissance, ne vaut-il pas mieux s’orienter vers une formule qui propose un changement fondamental de la société ? En s’appuyant sur l’aspect qualitatif des potentiels humains plutôt que de continuer dans des mesurettes anxiogènes qui créent de la pauvreté et de la précarité ?

Est-ce que ça ne serait pas judicieux de profiter des crises structurelles de l’économie pour mettre en place cette mesure ?

Actuellement, nous nous trouvons dans une double problématique contradictoire : Nous avons à la fois de plus en plus de mal à financer les retraites mais aussi à accéder à un plein emploi. Ce qui provoque un paradoxe.

La solution actuelle au problème des retraites est à la fois l’allonger le temps de cotisation mais aussi de retarder le départ de la vie active. On est ainsi passé de moins de 37 ans de cotisation à plus de 43 ans (réforme en cours). Et de 60 à 67 ans pour ceux qui n’auront pas pu cotiser pleinement.

Nous aurons donc de plus en plus de seniors sur le marché du travail tout en sachant que c’est la tranche d’âge la plus fragile et la plus sujette au chômage. En gros, nous avons de la difficulté avec l’emploi des plus de 50 ans et nous allons en rajouter avec les plus de 60 ans.

Un taux de 1,5% minimum par an de croissance économique est nécessaire pour absorber les travailleurs victimes des gains de productivités créés par les entreprises grâce à l’automatisation et à l’optimisation des tâches. Ce taux est désormais inatteignable. Les plus optimistes parient sur une croissance de 0,7% pour les 20 prochaines années. Il faudrait en plus que l’économie absorbe tout une classe d’âge entre 60 et 67 ans ?!?

Double peine pour les précaires

Tout en sachant que si ils ne travaillent pas, ils ne cotisent pas. Ce qui ne va donc pas arranger la situations des caisses de retraites, mais va créer pour les intéressés une double peine : une précarité qui va s’ajouter à leur précarité. En effet, puisque ne cotisant pas ou peu, ils partiront plus tard à la retraite, souvent avec un revenu minimum, ce qui créera une nouvelle classe de pauvre : les seniors. Les inégalités s’accentueront.

Dans le schéma du travail salarié n’est pas pris en compte l’activité bénévole, sous médiatisée et dévalorisée. Pourtant de nombreuses activités bénévoles sont utiles, voire indispensables au bon fonctionnement de notre société. Mais dans le même temps, de nombreuses activités salariés ne sont pas utiles à la société comme le relève l’anthropologue David Graeber dans son article sur les « bullshit jobs » dont nous avons publié une traduction sur ce site.

Les retraités en bonne santé se sont littéralement engouffrés dans l’associatif et le bénévolat. Beaucoup de personnes commencent ainsi leur « véritable vie » d’après leur dire, à partir de la retraite car leurs revenus ne sont plus indexés à leurs activités. Les retraités actifs sont devenus une véritable force vive de la société.

Une autre voie que celle de créer un appauvrissement de l’activité par l’allongement des cotisations et le recul des départs à la retraite est possible : C’est le revenu universel de base.

La mise en place de ce revenu permettrait à la fois de résoudre le problème des retraites par un revenu moins cher à financer et plus égalitaire, mais aussi de résoudre le plein emploi qui coute chaque année à l’état des dizaines de milliards d’euro sans améliorer les conditions de vie en général.

La mise en place du revenu de base permettrait aussi de supprimer le clivage inter-générationnel entre actifs et retraités. Il permettrait ainsi de redistribuer activité et revenu de manière plus équitable en prenant compte la préservation des écosystèmes et l’amélioration du cadre de vie.

Les modalités de financement du revenu de base sont multiples. Elles ont été étudiées par différents économistes de droite comme de gauche. La campagne actuelle pour l’initiative citoyenne européenne pour le revenu de base est donc aussi l’occasion pour les citoyens d’amener une solution aux financement retraites.


>>> >>> Article initialement publié sur AgoraVox | Crédit photo: Paternité Stan Jourdan

>>> Source sur : http://revenudebase.info/2013/09/revenu-de-base-une-solution-pour-les-retraites/

 

 

Revenu de base : Revenu primaire ? pour quel montant ?

Le revenu de base est-il un revenu de solidarité ou un revenu primaire ?

Les prestations comme le RSA sont souvent comprises comme des revenus de solidarité destinés aux plus pauvres. Mais le revenu de base que nous appelons de nos vœux est-il vraiment de la même nature ? Carlo Vercellone et Jean-Eric Hyafil avancent les justifications du revenu de base comme « revenu primaire ».

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Puisque le revenu de base est pour nous un droit assurée par une société (un Etat) à destination de ses membres — au même titre que le droit à l’éducation, à la sécurité, au vote — dès lors le revenu de base ne saurait être entendu philosophiquement comme un revenu de solidarité, mais plutôt comme une « revenu primaire », nécessairement détaché de toute référence au travail salarié.

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Pour autant, il nous faudra répondre à ceux qui pensent que le droit au revenu ne peut être dissocier du devoir de travailler. Et lorsqu’ils parlent de travail, ils pensent évidemment au travail qui donne lieu à rémunération, et donc principalement au travail-emploi au sens de André Gorz, et ils n’envisagent pas d’autres formes de travail qui pourraient ne pas donner lieu à rémunération. Quels sont les fondements économiques du revenu de base qui en font un revenu primaire ?

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La redistribution de la rente associée à la monnaie

Enfin, pour un certain courant, le revenu de base est avant tout l’output d’une réappropriation citoyenne de la monnaie. Pour des auteurs comme Stéphane Laborde ou Gérard Foucher, le fait que la création monétaire se fasse actuellement uniquement par la distribution de crédits par les banques permet à ces dernières de s’octroyer une rente illégitime : l’intérêt sur de l’argent qu’ils ont créé. Ils proposent alors une forme de création monétaire qui serait à la fois plus juste et moins destabilisatrice, le dividende monétaire : il s’agit de créer la monnaie en la distribuant directement aux citoyens, plutôt que de compter sur les banques pour accroître la masse monétaire par le crédit.

Encore une fois, le revenu de base n’est non pas ici un revenu de solidarité, mais bien un revenu primaire, associé au bien commun que constitue la monnaie et à la répartition équitable du droit sur ce bien.

Le revenu de base est un revenu primaire : osons le défendre comme tel !

Le revenu de base, qu’il soit compris comme l’expression d’une répartition égalitaire de la rente associée à un patrimoine naturel commun, à un héritage industriel et scientifique ou à la création monétaire, ou encore comme la rémunération de nos activités productives qui ne peuvent s’inscrire dans le cadre restreignant du salariat, ne peut donc être compris comme un revenu de solidarité. Il est un revenu primaire et il faudra se battre dans les médias et dans l’opinion publique pour qu’il soit compris comme tel.

Quel montant pour le revenu de base ? Éléments pour un débat

Le montant du revenu de base est une question qui divise ses partisans et suscite un débat très vif. Jean-Éric Hyafil et Amaru MBape proposent un cadre d’analyse afin de débattre plus sereinement de ce sujet.

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André Gorz souhaitait un revenu de base suffisant pour vivre, ou plutôt suffisant pour « permettre de refuser [un] travail ou [des] conditions de travail « indignes » ou encore pour développer une activité autonome.

Un revenu de base respectant un tel critère de choix est intéressant à plusieurs titres. Il permet d’envisager une amélioration du rapport de force employeur/employé. Il met l’accent sur les notions d’autonomie et d’épanouissement comme fondements du sens donné au travail, et non sur la seule subsistance autorisée par un salaire. Il peut ainsi conduire au développement de modes de production alternatifs (auto-production, coopératives ouvrières et coopératives municipales, économie sociales et solidaire, économie collaborative…) et favoriser l’émergence d’une sphère de la gratuité et de la convivialité.

Cependant pour certains, un revenu de base trop élevé risquerait de ‘désorganiser’ notre économie. Mais au-delà de quel montant le revenu de base risque-t-il d’être destabilisateur ? Choisissant une approche pragmatique – sans négliger l’importance intrinsèque d’un revenu de base suffisant au sens gorzien – ce texte vise à donner quelques éléments d’analyse pour estimer quelle pourrait être cette borne supérieure que le revenu de base ne devrait pas dépasser, sans toufefois proposer de montant défini.

>>> Sources & suites & plus d’infos sur :

 

 

Réflexions sur l’économie de l’essaim à venir

Réflexions sur l’économie de l’essaim à venir

Le modèle industriel d’une carrière avec un seul et même employeur à vie est en train de mourir. Il ne reviendra pas. Le premier indice était le passage du mariage à vie à un poste vers son équivalent «monogamie en série», où l’on change de boulot tous les trois ans maximum. L’étape suivante du changement, qui se déroule déjà de nos jours, c’est quand les gens ont plus d’un emploi (ou ce qui équivaut à un emploi) en même temps : c’est un changement majeur de la société, où les gens vont jongler entre cinq et dix projets à la fois, certains pour le plaisir, certains pour gagner sa croûte, parfois pour les deux. J’ai appelé ça l’émergente économie de l’essaim.

L’économie de l’essaim ne traite pas des petits détails de notre actualité. Ce n’est pas à propos de bitcoin. Ce n’est pas à propos de la fraude dans le système bancaire, ce n’est pas à propos des échanges de fichiers en pair-à-pair, ce n’est pas à propos du revenu de base. Pas pris à part, en tout cas. L’économie de l’essaim c’est tout ces sujets combinés, et bien bien plus.

Nous voyons déjà comment les gens ont des projets persos à côté de leur emploi (unique), ainsi que des projets qui de temps en temps vont et viennent dans la vie de quelqu’un alors qu’ils changent de travail et de situations personnelles. Avec l’augmentation de la connectivité, on peut s’attendre à ce que cette tendance s’accéléré jusqu’au point où la plupart des gens auront cinq a dix projets en cours, certains payés et d’autres non, plutôt que d’avoir un travail «quotidien».

Cette évolution – passer d’un emploi par personne à cinq à dix projets par personne – change fondamentalement plus la société que quelqu’un qui «fasse un extra» ou «ait deux boulots». C’est une fin précise à l’économie industrielle. Voici quelques changements que cela implique, tous pouvant déjà être observés ici ou là dans le secteur informatique:

  • La fin des lieux de travail fixes. Les gens travailleront où ils voudront, typiquement depuis des cafés ou autres tiers-lieux. «Aller au bureau» n’existera plus comme un concept, à l’exception de quelques services à la personne.
  • La fin des horaires de travail. Les gens ne travailleront plus non seulement d’où ils veulent, mais aussi quand ils le veulent – ou en concordance avec l’équipe sur un projet commun. Les fuseaux horaires s’assureront qu’il n’y aura pas d’horaires de bureaux puisque les gens coopéreront depuis l’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud, la Chine, l’Inde, l’Australie, et ainsi de suite, tous au même moment.

Il y a bien plus de conséquences similaires telle que la disparition des «boulots d’une journée». Cela signifie une décentralisation massive de la prise de décision pour soutenir l’économie – voilà pourquoi je la nomme économie de l’essaim. C’est intéressant de la comparer aux concepts antérieurs.

Le capitalisme, quand il fonctionne, est supposé distribuer les ressources de manière optimales grâce à la décentralisation des décisions. Diverses formes de corruption ont détourné des lois et des marchés qui se nomment eux-mêmes capitalistes mais qui concentrent les ressources là où elles sont déjà rassemblées – «rendant le riche plus riche», et faisant du capitalisme un mot détestable – mais dans mon esprit, au moins l’idée de décision décentralisée résonne fortement avec les idéaux pirates.

Toutefois, le modèle capitaliste a échoué à prédire ce qui s’est déjà produit. Dans un modèle capitaliste, Linux et Wikipédia – 10 000 volontaires qui s’unissent pour créer un produit de manière bénévole, et où le produit est si incroyablement bon qu’il dépasse les meilleures alternatives commerciales – n’arrive simplement pas. Mais ça s’est déjà produit. C’est possible dans la pensée de l’économie de l’essaim.

En même temps, l’entrepreneuriat est une valeur très forte dans les idéaux pirates. Nous apprenons en faisant et ne demandons par la permission quand nous décidons d’arranger quelque chose. Nous attendons des gens de prendre des initiatives de leur propre gré s’ils sont insatisfaits par quelque chose, et nous voulons promouvoir cette prise de risque.

Nous savons que la communauté ne fait pas que tolérer la prise de risque mais en plus la promeut activement, est la communauté qui sort par le haut. Par contraste, une communauté ou une société où les gens ne peuvent pas se permettre de perdre leur position actuelle est une communauté sans entrepreneurs et sans innovation.

Cela mène à l’argument le plus logique pour le Revenu de Base Universel jamais trouvé : la société dans sa globalité bénéficie d’un environnement favorisant la prise de risque. Et, si vous pouvez proposer un mécanisme où chacun peut tester n’importe quelle idée idiote de commerce sans risquer de s’endetter ou de devenir SDF, plus de gens innoveront et prendront des risques… ainsi la société utilisant ce mécanisme aura un avantage compétitif.

J’imagine un Revenu de Base Universel qui remplacerait tous les minima sociaux, un revenu inconditionnel, qui suffirait à la location d’un T1, dans la banlieue proche d’une ville qui en vaille la peine, ainsi qu’aux frais de nourriture et au minimum nécessaire pour démarrer leur nouvelle entreprise. Imaginez un gros bouton rouge de «réinitialisation économique», qui permettrait de repartir à zéro suite à l’échec du lancement d’une startup. Vous vous retrouvez dans un studio, à portée de navette d’une métropole, en conservant l’équipement nécessaire pour vous lancer sur votre projet suivant, prêt à repartir sur les chapeaux de roue. De plus, rien n’empêcherait deux ou plusieurs personnes de rassembler leur revenu de base, pour améliorer par exemple leur cadre de vie, etc… En pur bonus, ce combat pour une compétitivité à long terme résoudrait également un certain nombre de problèmes sociaux, tels que celui des sans-abris. (Les lecteurs de Reddit savent que l’on peut être sans domicile fixe un an ou deux, et se relever, parfois en lançant une société prospère.)

Ces mécanismes (la faillite personnelle et la sécurité sociale) existent déjà en substance. Le RBUrendrait plus simples et rapides les processus permettant le retour à la création d’entreprise.

L’on peut se demander si le Parti Pirate, et si ces observations et tendances sont une politique de gauche ou de droite. Mais c’est sans intérêt : l’échiquier gauche-droite est basé sur l’économie industrielle, or ces idées se basent sur l’observation que l’économie industrielle se dissout. Cela n’a aucun sens d’essayer de placer les conséquences du système émergent à l’intérieur du modèle qu’il remplace et rend obsolète.

Malgré ce, on peut observer que ces idées sont au moins compatibles avec le libre marché capitaliste et avec le socialisme, avec une préférence pour un marché fort et non-régulé et de très forts avantages sociaux. Néanmoins la base de nos convictions ne sont ni le «marché libre» de l’ère industrielle ni le «modèle social» de l’ère socialiste : c’est l’idéal de «décentralisation des décisions» du logiciel libre associé à l’idéal de «promotion de la prise de risque et optimisation pour la compétitivité» de l’open-source. Il se trouve qu’ils partagent les mêmes champs politiques, mais viennent de convictions entièrement différentes basées sur l’économie de l’essaim et non sur l’économie industrielle.

Évidemment, beaucoup d’intérêts investis résisteront à ce changement. Les syndicats de travailleurs, en particulier, le détesteront malgré le fait qu’enfin cela «libère le travailleur des menottes du capital», comme ils le diraient dans leur idéologie. La raison pour laquelle les syndicats de travailleurs le combattront bec et ongles, c’est que ce changement les rendra instantanément obsolètes. Lors des dernières décennies leur propre pouvoir leur est devenu plus important que de parvenir leurs buts.

Voyons si les Canutes contemporains peuvent ordonner à la marée de ne pas monter.

>>> Source sur : http://politiquedunetz.sploing.fr/2013/09/reflexions-sur-leconomie-de-lessaim-a-venir/

>>> Ecrit par  Falkvinge / traduit par  Amok, Farlistener, Pouhiou et VictorToulouse