Quand des partis pirates invitent l’Europe à réagir à l’affaire PRISM

Quand des partis pirates invitent l’Europe à réagir à l’affaire PRISM

Nous avons participé à la traduction d’un article co-signé par un certain nombre de partis pirates européens qui intime l’Europe à ne pas rester passive face à ce qu’il vient de se produire du côté de la NSA…

Anti PRISM

Anti PRISM

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(Traduction : Lgodard, Yoann, kenoris, zer0chain, AmarOk, Asta + anonymes)

Nous sommes consternés de découvrir une surveillance sans précédent des utilisateurs d’Internet de par le monde via PRISM et les programmes du même ordre. Des capacités de surveillance globale de telles sortes — tout particulièrement lorsqu’elles sont mises en œuvre sans accord des citoyens — sont une atteinte sérieuse aux Droits de l’Homme, à la liberté d’expression ainsi qu’à la vie privée, tous trois éléments fondateurs de nos démocraties.

Nous applaudissons Edward Snowden pour ses actions de dénonciation. Quand un gouvernement est réellement par le peuple et pour le peuple, on ne peut considérer comme un crime de diffuser des informations sur le but et l’étendue des actions que le gouvernement engage au nom de ces citoyens, dans le but revendiqué de les protéger. Un gouvernement représentatif dans une démocratie repose sur le consentement de son peuple. Cependant, un tel consentement ne peut exister lorsque les citoyens ne sont pas complètement informés.

Nous notons avec inquiétude l’absence totale de considération que le gouvernement américain montre pour les droits des citoyens européens et, plus généralement, à toute personne qui utilise les services de communication et infrastructures américains. Nous notons également l’effet négatif sur ses alliés, la souveraineté des pays concernés et la compétitivité de leurs entreprises.

L’Europe se doit de répondre à ces révélations avec la détermination nécessaire. À la lumière de ces informations, il devient nécessaire pour l’Union Européenne de ne pas rester complice de ces abus de pouvoir aux lourdes répercussions, et de s’élever au rang de pionner dans les domaines des droits numériques, de la protection de la vie privée, de la transparence gouvernementale et de la protection des lanceurs d’alertes.

Nous demandons :

1. Asile et Protection aux lanceurs d’alertes

Le gouvernement des USA a démontré – dans le cas de Bradley Manning et d’autres – que son traitement des lanceurs d’alertes est une cause de préoccupation grave. L’étiquetage public d’Edward Snowden qui apparaît comme un “traître” pour les différents responsables et les médias a créé un climat dans lequel il ne peut avoir droit à procès équitable. Il pourrait être le sujet de persécutions pour sa politique de gouvernement transparent, et sera certainement en danger de recevoir des peines ou des traitements inhumains ou dégradants, y compris la menace de la peine de mort.

Nous demandons à tous les gouvernements d’Europe de traiter avec bienveillance les demandes d’asile politique ou le statut de protection subsidiaires de M. Edward Snowden et d’autres lanceurs d’alertes, en faisant avancer rapidement d’éventuelles demandes de ce type.

2. Découvrir les faits

Il est inacceptable que des programmes secrets de surveillance contournent toute procédure démocratique et empêchent l’engagement critique et rationnel nécessaire à une démocratie pour déterminer si une action est justifiée ou non.

Nous appelons le Parlement Européen à constituer un comité d’investigation, en accord avec l’article 185 de ses règles de procédure. Les faits à établir et publier sont :

  • Quelles sont les véritables capacités de PRISM ?
  • Quels sont les flux de données et les sources qu’il utilise ?
  • Quels corps administratifs de l’UE et ses états membres ont eu connaissance ou accès à PRISM et aux programmes similaires, ou à des données issues de ces derniers ?
  • À quel point la Charte des Droits Fondamentaux, la Directive 95/46/CE sur la protection des données personnelles, la Directive du 12 juillet 2002 sur la protection de la vie privée dans le secteur des communications électroniques, ou d’autres lois européennes ont-elles été violées ?

Nous adressons cet appel à tous les parlements nationaux – afin de déterminer si les constitutions nationales, les lois de protection des données et les lois d’espionnage ont été violées.

3. Forte protection des données européennes

La proposition de loi General Data Protection Regulation en cours d’examen doit être renforcé afin d’assurer une protection plus large et plus profonde des données privées et professionnelles. Aux efforts de lobbying opposés il faut résister.

En particulier, les données des citoyens européens ne doivent pas être sciemment remises aux services d’espionnage des États-Unis d’Amérique. L’article 42 issu de la première fuite de proposition de loi, qui portait sur les mesures de protection des lois extra territoriales de pays tiers comme le Patriot Act ou encore le Foreign Intelligence Surveillance Act des USA en posant des barrières aux autorités étrangères lors de l’accès aux données européennes, doit être réintroduit. Les méta données ainsi que les pseudonymes doivent également être protégés.

D’après les principes de la “Sphère de sécurité” relatifs à la protection de la vie privée, les entreprises américaines doivent informer leurs clients lorsqu’elles permettent à des tiers d’accéder à leurs données. Il semble que les entreprises associées au programme PRISM ont violé ces dispositions. En conséquence, l’UE doit révoquer son accord à ces principes (décision n°2000/520/EC de la Commission), de telle sorte que les entreprises concernées soient soumises à la justice européenne si elles ne cessent pas ces pratiques immédiatement. La “Sphère de sécurité” doit soit être renégociée en intégrant des mesures de protection plus efficaces et plus de moyens de recours, soit être remplacée par un nouvel accord international sur la protection des données, par exemple basé sur la proposition de loi “General Data Protection Regulation”.

4. Traité international sur la Liberté sur Internet

Pour assurer qu’Internet reste une force d’autonomisation et de démocratisation plutôt que continuer d’être utilisé comme un outil limitant et réduisant la démocratie et la liberté individuelle, l’Union Européenne devrait être le fer de lance d’un traité international sur la Liberté sur Internet. Un tel traité devrait protéger fortement la confidentialité des communications, la liberté d’expression et l’accès à l’information (en particulier ce qui touche à l’Internet) ainsi que la neutralité du net.

5. Financement de logiciels respectueux de la vie privée

Afin de constituer une nouvelle ligne de défense de la vie privée, les utilisateurs doivent pouvoir choisir des logiciels et services qui respectent vraiment leur vie privée. De tels logiciels devraient garantir l’anonymat de leurs utilisateurs, offrir un système fort de chiffrement de bout-en-bout, des architectures pair-à-pair, la possibilté d’héberger soi-même ses données, un code source visible de tous, etc.

Nous nous réjouissons de voir que « protéger la vie privée et la liberté des internautes » fait partie des propositions soumises en ce moment au programme Horizon 2020. Nous demandons à l’Union Européenne, d’une part d’allouer une part bien plus significative des fonds de recherche à la diversification de l’offre logicielle qu’aux projets ayant le but contraire, par exemple le développement des outils de surveillance et d’exploration des données, et d’autre part de rejeter fermement des propositions dont le but explicite est la surveillance généralisée ne se basant sur aucune suspicion fondée.

6. Prévention contre un PRISM européen

Nous proposons des moyens législatifs visant à renforcer la défense contre les organismes similaires à travers toute l’Europe.

Les écoutes directes des agences gouvernementales des communications au cœur du réseau Internet — comme celles ayant été reportées comme installées par la NSA dans le cadre du programme BLARNEY — doivent être explicitement déclarées hors-la-loi. De telles écoutes autorisent le stockage et l’analyse de données de toutes les communications ayant lieu sur Internet, outrepassant toutes les procédures et contrôles existants, mettant ainsi en péril la confidentialité de toutes données et la vie privée de chacun. Porter atteinte à l’intégrité du réseau d’une manière aussi révoltante empêche tout un chacun de lui faire confiance, et nous prive de tous les points positifs que l’on peut y trouver.

Nous renouvelons donc notre appel pour la révocation de la directive sur la conservation des données. Les juridictions constitutionnelles tchèque, serbe et roumaine ont explicitement conclu que la collecte à grande échelle et sans suspicions de données personnelles est une violation fondamentale des droits de l’homme. Par la collecte généralisée de grandes quantités de données sans l’accord d’un tribunal, les programmes de conservation de données permettent au pouvoir exécutif d’outrepasser ses attributions au travers de plate-formes telles que PRISM, menaçant du même coup la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, qui est le fondement de nos démocraties.

>>> Source sur : http://www.framablog.org/index.php/post/2013/06/22/prism-europe-parti-pirate

#Prism : pourquoi ce pseudo scandale m’en touche une sans faire bouger l’autre ?

#Prism : pourquoi ce pseudo scandale m’en touche une sans faire bouger l’autre ?

Vous êtes plusieurs à m’avoir demandé une réaction aux récentes révélations sur ce qui a gentiment débuté par le pseudo scandale Verizon. Je n’en avais pas particulièrement envie car je trouve tout ce foin complètement ridicule. Entre les américains indignés, les européens qui jouent les vierges effarouchées (les anglais qui accueillent des bases relais d’Echelon sur leur territoire doivent bien rigoler), et la presse qui fait ses choux gras de cette information vieille d’une douzaine d’années, j’estimais ne pas avoir de choses particulièrement intéressantes à vous raconter. D’ailleurs, je ne suis toujours pas convaincu que ce qui va suivre sera vraiment intéressant pour nombre d’entre vous… vous voilà avertis. Je ne m’étendrai d’ailleurs pas bien longtemps sur PRISM, car une autre information me semble tout de même un peu plus intéressante.

Depuis quelques jours, il faut l’avouer, je rigole allègrement. Je rigole de la naiveté patriotique candide des américains, je rigole de toute cette presse qui fait semblant de s’étonner, je rigole des réactions des politiques européens qui miment de tomber des nues… car oui, c’est soit disant nouveau, tout ce petit monde peut enfin mettre un sobriquet sur Big Brother : PRISM. Enfin, ça, c’est ce que tout le monde pense, la réalité est toute autre et c’est Kitetoa (désolé pour le ComicSansMS) qui vous l’exposera à l’occasion de Passage en Seine. Prism n’est en fait qu’une infime partie d’un programme bien plus vaste.

Merde ! Les adeptes de la conspiracy theory avaient raison alors ? Ben ouais ils avaient raison…wow le scoop !

C’est quand même pas faute de vous en avoir rabâché les oreilles ici ou ailleurs, pas plus tard que le mois dernier dans ce billet où je vous expliquais qu’un ancien du FBI avait craché le morceau au sujet de la traque des frères Tsarnaev. Il me semble bien avoir écrit en toute lettres que les autorités américaines interceptaient et stockaient toutes les communications… mais bon. #spapossib’ me dit-on. Ce billet est d’ailleurs passé relativement inaperçu, aucun média n’a repris ce qui constituait pourtant une information tout à fait crédible, d’une source qui ne l’est pas moins… mais non, un mois plus tard  12 ans plus tard, tout le monde semble tomber des nues.

Ce billet d’ailleurs m’avait valu les interrogations de certains

« Mais comment ki font ! »;
« Bluetouff tu dis de la merde »;
« Même pas cap les ricains »;
« T’imagines pas la taxe sur la copie privée en achat de disques durs ! » 

Et à votre avis ? Quand on hurlait comme des putois sur l’AFP qui cause gentiment sur Skype avec ses sources et qui l’écrit dans ses dépêches, des fois qu’Oncle Sam n’avait pas tapé la bonne requête dans sa base de données pour identifier la source de l’agence de presse… c’était juste pour rire ? Pour troller sur Twitter avec un bot qui crache les dernières dépêches ? Pour le plaisir de se fritter par blogs interposés ? Ou parce que tout indique depuis des années déjà que les américains interceptent non seulement les communications téléphoniques des américains mais aussi à peu près tout ce qui ressemble à une communication à l’exception peut-être d’un protocole encore mal maitrisé, décrit dans la RFC 1149 ?

  • Qui me fera gober que la presse américaine ne s’est pas interrogée sur les dispositions pratiques issues du Patriot Act dont l’acronyme signifie « Loi pour unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme » ?
  • Qui me fera gober que le Parlement Européen, après les antécédents d’Echelon ne s’est jamais penché sur ce que les USA écoutent, interceptent et stockent…?
  • Qui me fera gober que la presse française pensait que les SMS et les conversations de Dominique Strauss Khan ont été tirés du chapeau de Bozo le clown ?

Oui, très franchement, je suis mort de rire, c’est un peu comme si tout ce que la planète compte de faux-culs s’était donné rendez-vous sur la time line du hashtag #Prism…

Les américains, qui ont tous soutenu, le Patriot Act au lendemain des attentats du 11 septembre étaient ils assez naifs pour croire que les autorités américaines allaient contrer une menace intérieure en écoutant uniquement ce qu’il se passe à l’extérieur ?

Il y a quelques années, avant que Wikipedia ne déchaine les passions, les personnes de ma génération qui s’intéressaient au sujet de la surveillance de masse fréquentaient les newsgroups ou des sites web comme Cryptome. Cryptome qui révélait déjà des choses pas jolies jolies sur les durées de rétention d’informations concernant les communications des américains.

☠ Spapossib’®

Dans le pire scénario que j’avais évoqué il y a déjà bien longtemps, j’expliquais que si la France avait envie d’écouter hors de tout cadre légal et de manière massive les communications électroniques, elle opèrerait ces interceptions depuis l’étranger. Là encore, les réactions à mes « élucubrations » étaient les mêmes : #spapossib’.

Ben oui, mais voilà… non seulement c’est tout à fait possible, mais voilà que le Monde, par la plume de Laurent Borredon et de Jacques Follorou appuie maintenant ma thèse avec des affirmations qui se font un peu plus pressantes et plus précises. Dans un article daté d’hier et intitulé « En France, la DGSE au cœur d’un programme de surveillance d’Internet « , Le Monde pointe les installations souterraines de la DGSE situées boulevard Mortier à Paris. Mais Le quotidien lâche surtout le morceau qui semble passer totalement inaperçu tout obnubilés que nous sommes par PRISM :

La France dispose-t-elle d’un programme de surveillance massif proche de celui mis en place par l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) ? La réponse est oui. La direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français agissant au-delà de nos frontières, examine, chaque jour, le flux du trafic Internet entre la France et l’étranger en dehors de tout cadre légal. 

☠ Etkomentkifon ?

Là encore je vous avais déjà parlé de la bénédiction que representent certains points de concentration du trafic, et plus particulièrement les câbles sous-marin. Mais ce n’est probablement le gros du dispositif. Allez, je vous la récapitules avec des mots très simples. Imaginez une entreprise française qui vend à un dictateur un système d’interception des communications électroniques dimensionné à l’échelle d’une nation. Imaginez que cette entreprise soit, étrangement, aidée par des personnes de la direction du renseignement militaire pour former les équipes sur place. On vend ensuite ce système à d’autres nations, pas franchement connues pour leurs aspirations démocratiques, mais toutes étrangement situées sur une dorsale de trafic Internet stratégique (suivez les câble sous-marins).

☠ Tagada tsoin tsoin …

Et vous obtenez tout simplement un système d’interception stratégique, situé hors de nos frontières, distribué, résilient, suffisamment backdooré pour que nos services puissent y accéder en fonction de leurs besoins et mener des interceptions massives pour extraire une poignée d’informations.

Et ce scénario, comme je vous le disais :

Allez, je vous la refais :

 voici comment je m’y prendrais si je voulais écouter massivement, à moindre coût, et surtout discrètement.

  • J’appuierai, au plus haut niveau de l’Etat, une société privée (un fusible comme on dit dans le jargon), spécialisée dans l’interception de masse, pour que cette dernière exporte ses jouets sur le territoire national des gens que je souhaite écouter. Je leur vendrai le bébé comme une arme de guerre électronique, à part que cette dernière n’est pas répertoriée légalement en tant que telle, et donc, non soumise à un contrôle strict des exportations.

  • J’en profiterai pour surdimensionner un peu le système en prévision d’une utilisation non documentée (un backdoor).

  • J’enverrai ensuite, au nom d’une « fraternelle coopération » des officiers du renseignement militaire pour former les équipes du « client » (comprenez le dindon de la farce). Cette opération de « formation » permettrait en outre de paramétrer le jouet vendu afin que ce dernier soit accessible à distance par les services du renseignement extérieur, avec un accès complet aux interceptions réalisées par le « client »… évidemment à son insu.

  • Ce qu’il y a de bien avec TCIP/IP et BGP, c’est que l’on peut router du trafic à peu près où on le désire. En clair, nul besoin de disposer d’outils sur le territoire français pour écouter les communications des ressortissants français.

  • Si je multiplie cette « opération commerciale » avec des « partenaires » géographiquement bien choisis, je m’offre une sorte de cloud de l’interception, financé par des puissances étrangères. Peu importe si elles ne sont pas franchement reconnues comme les plus grandes démocraties. Peu importe si leurs dirigeants sont connus comme des terroristes ou des fous furieux. L’éthique ce n’est pas franchement le fond du problème.

  • En cas de pépin, pas de souci; l’Etat pourrait ainsi se défausser de toute responsabilité. Notre entreprise privée est le fusible, c’est à elle de sauter. Mais évidemment, comme elle demeure « stratégique », je lui offre une porte de sortie en bidonnant une cession d’activité à une société tierce, créée par elle même. Elle pourrait ainsi, par exemple sous drapeau Qatari, continuer à vendre ses petits jouets et la collaboration entre les services extérieurs et cette « nouvelle société » qui ne renaît que des cendres de la première, pourrait ainsi continuer de plus belle et s’attaquer tranquillement à d’autres « marchés ».

  • Si une bande de cyber-beatniks venait à poser des questions au Gouvernement sur la présence avérée d’officiers du renseignement, il suffirait de brandir la menace terroriste et d’expliquer que ces « armes » n’en sont pas, qu’elles sont en fait du matériel grand public.

 

>>> Source sur : http://bluetouff.com/2013/06/12/prism-pourquoi-ce-pseudo-scandale-men-touche-une-sans-faire-bouger-lautre/

Des milliers de morts, des millions privés de libertés civiles ?

Des milliers de morts, des millions privés de libertés civiles ? Stallman (2001)

À l’heure où les USA sont empêtrés dans une sombre histoire d’espionnage généralisé à grande échelle, il nous a paru intéressant de déterrer et traduire un article de Richard Stallman rédigé en 2001 juste après le 11 septembre.

Force est de reconnaître qu’une fois de plus il avait pressenti les conséquences néfastes que nous subissons aujourd’hui.

Sigg3net - CC by

Des milliers de morts, des millions privés de libertés civiles ?

Thousands dead, millions deprived of civil liberties?

Richard Stallman – 2001 – Site personnel
(Traduction : Lamessen, Slystone, Sky, Amine Brikci-N, Asta)

Dans de nombreux cas, les dommages les plus sévères que cause une lésion nerveuse sont secondaires ; ils se produisent dans les heures qui suivent le traumatisme initial, car la réaction du corps à ces dommages tue davantage de cellules nerveuses. Les chercheurs commencent à découvrir des façons de prévenir ces lésions secondaires et réduire les dommages ultimes.

Si nous ne faisons pas attention, les attaques meurtrières sur New York et Washington vont conduire à des effets secondaires bien pire encore, si le congrès étasunien adopte des « mesures préventives » qui écartent la liberté que l’Amérique représente.

Je ne parle pas de fouilles dans les aéroports ici. Les fouilles de personnes ou de bagages, tant qu’ils ne cherchent pas autre chose que des armes et ne gardent pas de traces de ces fouilles, est juste un désagrément : elles ne mettent pas en danger vos libertés civiles. C’est la surveillance massive de tous les aspects de nos vies qui m’inquiète : de nos appels téléphoniques, nos courriels et nos déplacements physiques.

Ces mesures sont susceptibles d’être recommandées indépendamment du fait qu’elles seraient efficaces pour leur objectif déclaré. Un dirigeant d’une entreprise développant un logiciel de reconnaissance faciale est dit avoir annoncé à des journalistes que le déploiement massif de caméras embarquant un système de reconnaissance faciale aurait empêché les attaques. Le New York Times du 15 septembre cite un congressiste prônant cette « solution ». Étant donné que la reconnaissance humaine du visage effectuée par les agents d’accueil n’a pas permis de stopper les pirates, il n’y a pas de raison de penser que les caméras à reconnaissance faciale informatisée aurait été d’une quelconque aide. Mais cela n’arrête pas les agences qui ont toujours voulu mettre en place plus de surveillance de pousser ce plan aujourd’hui, ainsi que beaucoup d’autres plans similaires. Il faudra l’opposition du public pour les stopper.

Encore plus inquiétant, une proposition visant à exiger des portes dérobées gouvernementales dans les logiciels de chiffrement a déjà fait son apparition.

Pendant ce temps, le Congrès s’est empressé de voter une résolution donnant à Bush les pleins pouvoirs d’utilisation de la force militaire en représailles des attaques. Les représailles peuvent être justifiées, si les auteurs des attaques peuvent être identifiés et ciblés avec soin, mais le Congrès a le devoir d’examiner les mesures spécifiques lorsqu’elles sont proposées. Donner carte blanche au président dans un moment de colère est exactement l’erreur qui a conduit les États-Unis dans la guerre du Vietnam.

S’il vous plait, laissez vos représentants élus et votre président non élu savoir que vous ne voulez pas que vos libertés civiles deviennent les prochaines victimes du terrorisme. N’attendez pas, Les lois sont déjà en cours d’écriture.

>>> Crédit photo : Sigg3net (Creative Commons By)

>>> Source : http://www.framablog.org/index.php/post/2013/06/09/stallman-2001

#Cyberdéfense : ceci n’est pas un manifeste, ceci est Internet

#Cyberdéfense : ceci n’est pas un manifeste, ceci est Internet

Aujourd’hui se tient au Sénat français un colloque sur la cyber défense. L’utilité même d’un tel colloque est inquiétante pour tout Internet et surtout pour les internautes, nous tous, nous Citoyens. Internet est un bien commun trop précieux pour être confié à des politiciens, des militaires, des diplomates, des commerçants, des marchands de « sécurité »… à n’importe quelle caste qui a toujours prouvé qu’elle ne savait agir que pour assurer sa propre survie en brandissant une menace terroriste.

cyberpeace

Internet survivra à vos castes,

Internet est par définition auto-immunisé.

Nulle chance pour vous d’y introduire de nouvelles formes de cancers,

Qu’elles se nomment cyber commerce, cyber sécurité, cyber défense, cyber dissuasion, cyber terrorisme, cyber guerre ;

Internet, c’est le cyber échange qui ne peut conduire qu’à la cyber paix… et à la paix tout court.

Vous aurez beau réintroduire vos concepts qui ne conduisent nos états qu’à toutes les formes de guerres que l’homme puisse imaginer, et Dieu sait que les hommes sont imaginatifs pour se trouver des raisons de se faire la guerre….

Vous aurez beau essayer de séparer les peuples en tentant de poser des frontières sur Internet, et Dieu sait que les politiques y ont un intérêt pour tenter de légitimer leur illusion de pouvoir…

Vous n’y arriverez pas.

La cyber répression ou la cyber surveillance… au nom de ce que vous pourrez imaginer comme fumeux cyber concepts, n’est garante que de votre petite mort.

La somme des intelligences qui transitent dans les tuyaux d’Internet, c’ est un raz de marée.

Nager à contre-courant, c’est pour vous le meilleur moyen de mourir rapidement, et douloureusement.

La douleur s’exprimera dans vos concepts obsolètes de « république » ou de « démocratie » qui vous échappent octet après octet transitant sur Internet.

Peu importe comment vous appelez vos concepts politiques, diplomatiques ou militaires, en votant des lois qui restreignent jour après jour les libertés des citoyens, ou en essayant de dresser les peuples les uns contre les autres.

Si les états pouvaient autrefois s’immuniser contre leur propre peuple, sachez qu’aujourd’hui, ce temps est révolu. Le peuple a élu domicile sur Internet. Cet Internet, c’est chez lui. Internet c’est le peuple.

Vous voulez réguler Internet, vous voulez civiliser Internet ?

Alors que vous n’êtes pas même capables de moraliser vos propres castes ?

Vous vous exposez bêtement sur le réseau en y introduisant des systèmes critiques au nom du profit, pour ensuite voler les libertés des citoyens, pour tenter de préserver les intérêts vos cyber boutiques, vos cyber banques, de vos cyber infrastructures critiques… qui par définition n’ont rien à y faire.

Internet est un iceberg qui répond aux mêmes principes que la poussée d’Archimède,

Continuez à essayer de l’enfoncer, et vous le reprendrez en pleine figure.

A force de vouloir surveiller tout le monde, vous n’entendez plus personne.

Entendez Internet, ou Internet tuera vos états.

>>> Source sur : http://bluetouff.com/2013/05/16/cyberdefense-ceci-nest-pas-un-manifeste-ceci-est-internet/

>>> Publié le 16 mai 2013 par  (Olivier Laurelli) dans Broutilles

Un règlement dépouillant les citoyens de leur droit à la vie privée

Un règlement dépouillant les citoyens de leur droit à la vie privée

Une coalition d’organisations internationales et européennes, dont AccessBits of FreedomDigitale GesellschaftEDRI, La Quadrature du Net, Open Rights Group, et Privacy International, démarre une campagne commune et un site Internet, nakedcitizens.eu. Ce site permet aux citoyens de contacter leurs représentants au Parlement européen pour les appeler à protéger leur droit fondamental à la vie privée.

Un règlement dépouillant les citoyens de leur droit à la vie privée

Des organisations citoyennes exigent que les membres du Parlement européen protègent la vie privée des citoyens.

Depuis son lancement, la révision de la législation européenne encadrant la protection des données donne lieu à une campagne de lobbying sans précédent de la part d’entreprises privées et de gouvernements étrangers. Le Parlement européen examine en ce moment le texte proposé par la Commission européenne, et envisage d’y faire de dangereux amendements. Selon une coalition d’organisations citoyennes, si ces amendements étaient adoptés, ils dépouilleraient les citoyens de leur droit à la vie privée. Cette affirmation est basée sur l’analyse des 4 000 amendements actuellement examinés par le Parlement européen.

« Sans une protection efficace de nos données, nos vies privées sont mises à nu, pour être utilisées et exploitées abusivement par des entreprises privées et des gouvernements. » déclare Joe McNamee de l’organisation citoyenne European Digital Rights (EDRI) et porte-parole de la coalition. « Nous appelons les membres du Parlement européen à faire primer les droits des citoyens et à rejeter ces propositions dangereuses. »

En prévision du vote final de la commission « libertés civiles » le 29 mai, la coalition de la société civile met en lumière les cinq amendements les plus dangereux proposés par les membres du Parlement européen pour modifier le règlement encadrant la protection des données.

Le règlement proposé par la Commission européenne a pour objectif de renouveler et de moderniser le cadre législatif existant pour l’adapter à l’ère numérique, et de conférer aux citoyens un plus grand contrôle sur leurs données personnelles. Le lobbying démesuré venant de grandes entreprises et de gouvernements risque au contraire de réduire à néant ce cadre juridique.

Les citoyens doivent pouvoir faire confiance aux services en ligne qu’ils utilisent. Le niveau de confiance exceptionnellement bas rapporté par des études tant européennes qu’américaines n’est tout simplement pas viable, tant pour les citoyens que pour les entreprises.

La confiance doit être reconstruite en rendant aux citoyens le contrôle de leurs données grâce aux droits :
(1) d’accéder à leurs données personnelles et de les supprimer,
(2) de transférer simplement leurs données d’un service à un autre,
(3) d’être assurés que leurs données personnelles ne seront utilisées que pour la finalité précise et limitée à laquelle ils ont consenti
(4) d’être assurés que leurs données sont à l’abri des gouvernements étrangers,
(5) d’être assurés qu’en cas de faille de sécurité impliquant leurs données, les entreprises responsables les en informeront.

>>> Source & plus d’infos sur : http://www.laquadrature.net/fr/un-reglement-depouillant-les-citoyens-de-leur-droit-a-la-vie-privee

Mais #INDECT, ça sert à quoi ?

Mais #INDECT, ça sert à quoi ?

Qu’est ce que INDECT ?

INDECT, l’équivalent d’Echelon pour l’Europe, c’est bon, mangez-en qu’ils nous disent !

Oui, sauf que…

Si vous ne connaissiez toujours pas le projet européen INDECT, dédié à la surveillance généralisée par video-surveillanceProtection, voici une petite vidéo en français qui résume à peu près tout.

Cette vidéo n’est pas officielle, mais issue d’Anonymous, d’où la voix robotisée. De ce fait, suivant votre degré de paranoïa, vous pourriez percevoir quelques images terrifiantes, mais ce ne saurait être que coïncidences avec la future réalité.

D’ailleurs, ça me fait penser qu’aux États-Unis, il y a aussi le NGI, dans un concept très similaire.

Voici un communiqué supplémentaire à lire sur l’opération #OpBigBrother #IDP13 – International Day For Privacy

>>> Sources :  http://korben.info/quest-ce-que-indect.html

http://neosting.net/video/indect-ca-sert-a-quoi.html

>>> Vidéo diffusée en janvier 2013 par Korben &  sur leurs bogs respectifs.

Liberté et égalité en ligne passent par une loi sur la neutralité du net

« Liberté et égalité en ligne passent par une loi sur la neutralité du net » (C. Paul)

 

Alors que la ministre de l’économie numérique Fleur Pellerin organise mardi une énième table ronde sur la neutralité du net, le député PS de la Nièvre Christian Paul, président du groupe d’étude sur l’internet à l’Assemblée Nationale, publie sur Numerama cette tribune par laquelle il appelle le Gouvernement à légiférer pour « réaffirmer le principe de la neutralité du net » :

Liberté et égalité en ligne passent par une loi sur la neutralité du net

Christian PAUL, député (PS) de la Nièvre,
président du groupe d’étude sur l’internet à l’Assemblée nationale

Les réseaux numériques ont changé nos vies. Les activités économiques et sociales, culturelles et citoyennes s’y déploient chaque jour de manière plus innovante. Un retour en arrière s’annonce-t-il ? Une régression générale, qui conférerait à quelques-uns la maîtrise du net, se profile-elle derrière les duels récents, comme celui qui oppose Google et Free ? Sans recul, ni retard, réaffirmons le principe de neutralité du net.
Réseau plaçant chacun sur un pied d’égalité, sans modèle économique pré-établi et jugé pour cela par certains en France sans avenir à l’époque du minitel, Internet doit sans doute à son ouverture son étonnante capacité d’évolution. Il est d’abord un précieux bien commun d’un nouveau type : un bien commun informationnel.
Quelques imperfections dérangent ce paysage trop parfait… Sur nos mobiles, l’accès à l’Internet est loin d’être sans entraves. Certains usages, comme le P2P ou la téléphonie sur IP sont encore trop souvent proscrits ou indûment surtaxés. Mais, globalement, le réseau est ouvert et, jusqu’à récemment, chacun des acteurs qui le composent restait à sa place.
Cet équilibre est aujourd’hui menacé en France par une triple pression et une dépression. Il y a tout d’abord celle des fournisseurs d’accès Internet qui estiment être dans l’incapacité de continuer à faire leur métier, à monétiser leurs équipements, et à déployer les réseaux de nouvelle génération (fibre, 4G…). Il y a ensuite celle de l’État qui s’émeut – à juste titre – de la faible contribution de certains éditeurs de services en ligne aux finances publiques. Il y a également la pression de trop nombreux détenteurs de droits, qui n’ont pas encore su prendre le virage du numérique et aimeraient rétablir artificiellement des péages. Il y a, enfin et surtout, le faible nombre de grands éditeurs de service en ligne français qui donne la tentation de court terme de défavoriser cette catégorie d’acteurs au profit des «champions nationaux» existants.
L’initiative de Free de filtrer par défaut les publicités pour ses abonnés doit être analysée dans ce contexte. Ne nous trompons pas pour autant de cible. Free a contribué avec d’autres à l’émergence d’un accès internet haut débit illimité de qualité en France. Ne nous trompons pas non plus de combat. Nous n’avons aucune garantie que les bénéfices d’une telle modification de l’écosystème seraient réinvestis dans le déploiement de nouveaux réseaux. Le signal négatif envoyé aux éditeurs de service établis en France serait par contre clair et net. Et l’histoire a déjà arbitré en faveur de l’ouverture.
Économique, le danger est également démocratique. C’est un défi de civilisation. Au-delà du seul réseau, l’ouverture réelle du monde numérique n’est évidemment pas parfaite. Les discriminations qui sont parfois le fait d’un Apple ou d’un Facebook nous préoccupent. Le laissez-faire d’un Twitter nous interpelle. Nous ne réglerons pas tous les problèmes du numérique d’un seul coup en protégeant la neutralité du net, mais nous ne créerons pas non plus un monde meilleur en permettant le blocage, le filtrage, le bridage ou toute autre discrimination indue liée aux contenus, aux émetteurs ou aux destinataires des échanges numériques de données par les FAI ou tout autre intermédiaire technique.
Dernièrement, les remises en cause des équilibres du net prennent des formes très séduisantes pour les internautes, comme un filtrage des publicités ou des échanges réellement illimités depuis un mobile vers le «cloud» de son fournisseur d’accès. Si le consommateur a un avantage de court terme dans ces «services gérés» – plus prioritaires, plus contrôlés, ou juste moins chers – son intérêt à moyen terme est dans la compétition des offres de service.
Ne permettons pas aux distributeurs de prendre trop de pouvoir sur leurs clients et sur leurs fournisseurs, les éditeurs de service en ligne. Ne laissons pas trop vite l’Internet se transformer en un réseau dual, avec d’un côté, en premium, la consommation d’un «bouquet de services», imposé par le fournisseur d’accès, et de l’autre, un net public résiduel, ramené à une « qualité suffisante » que nous serions bien en mal de définir et de protéger. Chacun doit rester maître de ses communications, et le net des communautés et des acteurs innovants ne doit pas être le parent pauvre de celui des géants.
L’innovation doit rester la règle, aussi bien en périphérie qu’au cœur du réseau. Pour prévenir les menaces, à l’ère des pionniers doit succéder celle des urbanistes du net, et des urbanistes durables. Un régulateur, mieux armé par une nouvelle loi, doit veiller à ce que la neutralité soit la règle et encadrer ses exceptions motivées, dont notamment les fameux «services gérés». L’autorité judiciaire – et elle seule – doit arbitrer les conflits entre droits fondamentaux. Cette loi sera un facteur essentiel de liberté et d’égalité en ligne.
Voilà pourquoi nous étions nombreux en 2011 à lancer ce débat public, avec une proposition de loi sur la neutralité du net. Rien depuis ne conduit à y renoncer. La pluralité des enjeux, que l’on ne saurait réduire à la seule économie, rend une initiative législative particulièrement nécessaire. Prévenons les risques, ils sont nombreux. Ensuite, il sera trop tard.

Le gouvernement confondrait-il République et féodalité ?

Benjamin Bayart. Le gouvernement confondrait-il République et féodalité ?

Suite aux débordements de fin d’année 2012 concernant des propos tenus autour de différents hashtags de type #SiMonFilsEstGay sur le service Twitter, la toile s’est enflammée, comme Paul Da Silva, et le gouvernement s’est exprimé. Le problème n’est en réalité pas du côté de Twitter, ni de ses utilisateurs qui se sont exprimés avec parfois une bonne dose de haine et de violence (sacro-sainte liberté d’expression), mais la réponse dans une tribune dans LeMonde.fr de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, titrant ; « Twitter doit respecter les valeurs de la République« . La ministre semble vouloir s’entretenir avec Twitter pour trouver une solution et le rendre responsable. Le filtrage n’est alors plus très loin.

Benjamin Bayart (FDN) a tenu à lui répondre à son tour, en s’exprimant dans une tribune libre, que je me permets de reprendre mot pour mot, et que je ne peux que vous encourager à lire.


Dans une tribune récente, publiée par Le Monde, Najat Vallaud-Belkacem nous a expliqué qu’au nom des valeurs de la République, il était nécessaire d’accorder au Seigneur de Touitteur droit de haut et basse justice sur ses terres. Dans la mesure où ça ne fait pas partie des valeurs habituellement défendues par la porte-parole du gouvernement, essayons d’analyser comment elle est arrivée à ce contresens.

La forme de la tribune

La tribune de la porte-parole du gouvernement est subtilement articulée. Pour les gens qui connaissent bien les questions de droit sur Internet, le billet est même équilibré et relativement juste. Mais pour le reste du bon peuple de France, il est largement faussé.

En effet, la ministre explique de manière claire le problème : des propos racistes, antisémites, ou homophobes sont tenus très ouvertement sur twitter. Elle explique que c’est illégal, mais également dangereux : les problèmes liés à l’homosexualité sont à l’origine d’un grand nombre de suicides chez les jeunes, et laisser impunis des propos de ce type y contribue. Et elle demande donc à Twitter de trouver une solution pour que ce ne soit plus possible.

Ensuite, de manière beaucoup moins lisible, par des allusions à la loi dite de confiance en l’économie numérique, au régime juridique de responsabilité des intermédiaires techniques, aux limites fixées en 2004 par le Conseil constitutionnel à ce régime, elle rappelle le contexte juridique. Twitter ne pourrait agir que dans un certain nombre de cas très précis, et le gouvernement souhaite simplement ouvrir un dialogue.

Quand on connaît les références nécessaires, c’est assez lisible. Le gouvernement veut juste froncer les sourcils en public, mais ne va pas bouleverser le droit. Quand on ne connaît pas ces références, on retient que Twitter va devoir empêcher les gens d’être méchants, en rétablissant l’ordre dans sa cour de récré.

Cette présentation est donc pernicieuse : elle vise à dire des choses fausses à une majorité de gens, tout en calmant d’avance la critique.

Le fond de la tribune

Le fond du propos ministériel, une fois qu’on en a retiré la mauvaise foi de sa formulation, pose cependant problème. Quand des gens se comportent mal, mettons qu’ils volent des mobylettes, ou qu’ils braconnent, ou qu’ils disent des choses interdites, les valeurs de la République nous disent que la police (pouvoir exécutif) et la justice (pouvoir judiciaire) doivent intervenir pour faire respecter la loi (pouvoir législatif), il me semble.

Ce que nous dit la porte-parole du gouvernement c’est que le seigneur des lieux doit se charger de faire la police et de réprimer les débordements quand ils ont lieu chez lui. Le gouvernement appelle donc à ce que sur Internet, on rétablisse les privilèges de juridiction donnant des pouvoirs de police et de justice aux seigneurs locaux.

Neutralité du Net

Vu comme ça, on sent bien que c’est une bêtise. Pour arriver à cette bêtise, la méthode est simple. Première étape, on rend Twitter responsable de ce qui se passe sur son réseau. Il devient donc responsable des bêtises que je peux dire avec mon compte twitter, me supprimant mon statut d’adulte responsable. Pour éviter de s’attirer les foudres de la loi, ou les gros yeux du gouvernement (on est léger en foudre en ce moment), Twitter va donc devoir surveiller ce que font les citoyens pour détecter les comportements problématiques et intervenir (police). Ensuite, il faudra bien qu’il puisse empêcher la publication des messages, puisqu’il en est responsable. Il a donc un droit de censure sur tout le contenu qu’il transporte (justice).

C’est un des nombreux pièges du débat sur la neutralité des réseaux : le rôle des intermédiaires techniques est fondamental. C’est sur ce rôle que repose celle de nos libertés qui est la mère de toutes les autres, la liberté d’expression. Rendre les intermédiaires techniques responsables de ce que font les utilisateurs, c’est rétablir un système féodal, et tuer la liberté d’expression. C’est exactement l’inverse qu’il faut faire : les intermédiaires techniques doivent être responsables du bon transport des propos de tous, sans discrimination. C’est la justice qui se chargera de sanctionner les abus prévus par la loi, pas Twitter.

L’ordre public

Enfin, sur le fond du problème qui n’était pas le fond du billet. Si le gouvernement se préoccupe vraiment du risque que les propos homophobes font courir à notre jeunesse, d’abord c’est une bonne nouvelle, ensuite il faut changer de méthode. Les propos homophobes les plus dangereux ne sont pas ceux qui circulent sur twitter et ne sont relayés par personne, mais ceux qui sont tenus par des élus (…)

Mme la ministre, faites appliquer la loi. Demandez aux procureurs d’agir systématiquement contre les propos homophobes, racistes ou antisémites. Twitter se fera un devoir de répondre à toutes les demandes d’identification des auteurs, j’en suis certain.

Mais ne rendez pas l’outil responsable de l’usage, c’est la première étape de la sortie de l’État de droit.

 

 

>>> Publié par Cyrille Neosting dans Actualité le  | Liens : http://nst.im/Z2oDc6 Image | Mots-clés : 

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Mozilla veut agir sur le terrain politique au nom de l’Internet libre et ouvert

Mozilla veut agir sur le terrain politique au nom de l’Internet libre et ouvert

Connue pour ses logiciels Firefox et Thunderbird, la fondation Mozilla est également une organisation très engagée en faveur de l’Internet libre et ouvert. Son manifeste en témoigne. Mais les initiatives et propositions de lois néfastes pour le réseau des réseaux l’oblige à s’investir davantage dans la sphère politique.

Établie au cours de l’été 2003, la fondation Mozilla a eu comme premier objectif de concevoir une suite de logiciels libres pour donner aux utilisateurs l’opportunité de se dégager des programmes propriétaires. C’est ainsi qu’est né le navigateur web Firefox, l’application de courrier électronique Thunderbird, le gestionnaire d’erreurs BugZilla ou, plus récemment, le système d’exploitation mobile Firefox OS.

Mais par la force des choses, la fondation Mozilla a été obligée de quitter l’écosystème informatique pour investir le champ de la politique afin d’intervenir en amont pour contrer des initiatives ou des textes de loi allant à l’encontre de son manifeste. Pour l’organisation, il est crucial que le réseau des réseaux reste une ressource publique et ouverte, accessible à tous.

C’est ainsi que l’on a vu l’organisation s’investir dans la lutte contre les projets PIPA et SOPA aux États-Unis, défendre le principe du DNT pour limiter le profilage des internautes, d’abord seul puis avec le concours d’autres navigateurs web, ou encore rejoindre la Ligue de Défense d’Internet aux côtés de l’EFF, Public Knowledge et même la CCIA, une fédération rassemblant les grands acteurs de l’industrie informatique.

Mais l’investissement de plus en plus marqué de Mozilla dans le domaine des politiques publiques manquait sans doute d’un cadre plus formel pour préciser son engagement pour un Internet libre. Cet oubli est en voie de résolution, puisque la fondation a publié un brouillon visant à compléter son manifeste – qui expose les grands principes – avec des objectifs plus concrets, en matière législative notamment.

« Ces dernières années, nous nous sommes engagés davantage dans les problématiques de politiques publiques amenées par des initiatives législatives et réglementaires qui menacent les principaux locataires du web ouvert. Ces menaces sont globales par nature et se manifestent dans les organes législatifs nationaux, les tribunaux, les organisations professionnelles et les organismes internationaux« .

À l’état de brouillon, le cadre ne doit pas se contenter d’aboutir à une liste déroulante de toutes les situations possibles qu’aura peut-être à combattre la fondation Mozilla. Il s’agit plutôt d’une orientation générale qui ne vise pas à être exhaustive. L’initiative doit devenir un point de référence commun pour la communauté Mozilla, quitte à la développer ultérieurement ensuite.

>>> Source : http://www.numerama.com/magazine/23862-mozilla-veut-agir-sur-le-terrain-politique-au-nom-de-l-internet-libre-et-ouvert.html